bon pour le retour... [PV]

Il était tard dans la nuit. Vers 23h30. Les rues de Pré-au-Lard étaient silencieuses, pas un bruit ne se faisait entendre. Un chat se promenait dans la rue principale d’un pas lent. Son pelage soyeux d’un blanc immaculé luisait sous la lune grise presque ronde qui s’affichait dans le ciel étoilé. Ses yeux verts en amandes lançaient des éclairs. Pendant que le chat décrivait des petits cercles dans l’allée, des bruits de talons déchirèrent le silence paisible de la nuit et le chat blanc s’écarta juste à temps pour laisser passer une jeune femme qui courait, ses cheveux bleus volant au vent. Malgré le froid et les flocons de neige qui tombaient, elle n’était habillée que d’une simple et légère tunique blanche et d’un jean. Elle tenait un parchemin dans sa main. Le chat la regarda continuer de courir et put apercevoir, juste le temps d’un instant, ses beaux yeux bleus remplis de larmes.
La jeune femme courut encore un certain moment ne faisant pas attention à la neige qui tombait sur ses bras et sur son cou dénudé. Sa course prit fin devant un grand portail noir et sinistre qu n’était autre que le portail du cimetière. Luçy –car c’était bien elle- ouvrit le portail et se mit à marcher dans l’allée centrale la tête basse. Elle regarda les tombes se rapprochant de celles plus récentes. Son regard se fixa sur une tombe où l’écriture dorée se lisait de loin. Elle tourna dans l’allée et s’arrêta devant la tombe en marbre noir. L’écriture ressortait d’une façon bizarre qui rendait la pierre tombale attirante. Dessus était écrit : Jane Lepokoa, née Kodjo. Luçy lut l’inscription et s’effondra sur la tombe la tête dans la neige qui recouvrait celle-ci. La neige la brûlait mais la douleur qu’elle ressentait au cœur était encore plus forte. Le corps de la jeune femme était agité de soubresauts dus aux sanglotements qui la parcouraient. Son jean était trempé à cause de la neige. Elle murmura entre deux sanglots :

« T’avais pas le droit de partir… ils me le payeront… »

Elle ne bougeait plus. Son corps commençait à s’engourdir avec le froid. Si quelqu’un réussissait à l’obliger à bouger… Et encore faut-il que quelqu’un passe par là à cette heure…

Luçy répondit à mi-voix :

« Elle… elle est morte… assassinée… On l’a retrouvé… Le jour où je suis partie… en France… »

Elle baissa la tête pour regarder le sol blanc.

"je... je viens de rentrer... et je viens de trouver ça..."

Elle désigna le parchemin qu'elle tenait à la main.

"je n'aurais pas du partir... Maintenant il... il ne me reste plus que toi..."

"certainement... et puis j'en sais rien pourquoi..."

Elle croisa les bras se rendant soudain compte qu'elle était glacée des pieds à la tête.

"Et la lettre... ce sont les personnes qui ont été chargées de l'enterrer qui me l'ont envoyé. Vu que je suis la seule Kodjo..."

La fin de sa phrase était quelque peu étouffée. Elle secoua la tête comme pour essayer de se réveiller.

Luçy glissa sa main dans celle de Marius et dit:

"Bon choix le cactus... Je suis sure que si on pouvait la voir, elle rigolerait bien..."

Elle entraina Marius vers la sortie du cimetière en jetant de temps à autres des regards tristes sur la tombe.